Impacts de l’allergie aux pollens

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Impacts de l'allergie aux pollens

Impacts de l’allergie aux pollens

Lify-Air : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? 

 

Coraline Roché : Bonjour je suis Coraline Roché, je suis asthmatique et poly-allergique, notamment aux pollens. Je travaille en boulangerie.

 

Lify-Air : Avez-vous déjà été limitée en termes de choix professionnels à cause de vos contraintes allergiques ? 

 

Coraline Roché : Quand j’étais beaucoup plus jeune, je voulais être fleuriste mais j’ai très vite abandonné l’idée. Un stage d’une semaine en classe de 3ème a suffi à me faire renoncer puisqu’au deuxième jour, j’étais déjà malade.

 

Lify-Air : Racontez-moi la pire journée que vous avez passée à cause de vos allergies 

 

Coraline Roché : Ca date un petit peu, mais la pire journée que j’ai passée serait un jour où je suis allée faire les courses avec ma mère et que j’ai commencé à éternuer, ensuite l’asthme a très vite pris le relais, et j’ai rapidement été en insuffisance respiratoire. J’ai fini à l’hôpital pour une bonne semaine. C’est ça les allergies chez moi : ça se greffe toujours à l’asthme. 

 

Lify-Air : De quelle manière vous organisez-vous pour pouvoir travailler quand vous avez vos crises ?

 

Coraline Roché : Généralement j’ai toujours mon traitement d’urgence : mes médicaments, mes masques, mes crèmes… Et puis, j’y vais et j’espère que ça va bien se passer.  Si je vois que je n’arrive pas à faire face, j’ai la consigne d’appeler directement les pompiers. 

 

LIfy-Air : Quelles ont été les personnes, les produits ou les informations qui vous ont aidée ?  

 

Coraline Roché : Moi dans mon cas, ce sont les bulletins météo, parce que je sais par exemple avec l’expérience que parfois quand il y a de la pluie, tout va être collé au sol, et que c’est quand il y a du vent que le risque d’exposition sera élevé, donc je ne vais pas sortir. La météo m’aide beaucoup. 

Il y a des personnes qui m’ont aidé à gérer mon quotidien comme mon médecin traitant qui m’a redirigée vers un pneumologue allergologue. J’ai aussi, en étant petite, fait des cures thermales des désensibilisations. Mais ça n’a pas suffi pour moi parce qu’à l’adolescence mes symptômes se sont accentués et j’ai été mise en traitement de fond. Du coup je suis corticodépendante. 

 

Lify-Air : Comment cela impact votre travail ? (Rendement, concentration, rapport avec les clients…). Cela affecte-il vos rapports avec vos collègues ?

 

Coraline Roché : Là où c’est pénible en boulangerie, c’est que par exemple tout d’un coup, je vais avoir des clients qui vont arriver et je vais avoir une pressante envie d’éternuer ; alors là ils se disent “ Oh mon dieu elle a le Covid”. Non je suis juste allergique. Ça existait avant le covid je vous assure. Voilà, c’est très désagréable pour tout le monde. 

Ou alors, quand j’ai les yeux rouges et que les clients me demandent “Vous avez pleuré, mademoiselle ?”… Réponse : “Non c‘est mon regard habituel j’ai bien dormi, tout va bien. Mais désolé, je n’aurai pas une meilleure tête aujourd’hui”. Ça, j’avoue c’est très compliqué au quotidien. 

En fait, il faut que je gère la présence et que je gère le souffle, parce que si on souffle en même temps qu’on donne la monnaie, les clients n’ont vraiment pas l’air de comprendre. Je n’y peux rien. C’est comme ça. Il faut que je laisse la crise passer. Si je commençais à donner mon pedigree à tous les clients qui passent, je ferais beaucoup plus que des heures supplémentaires.

 

Lify-Air : Ressentez-vous un soutien de la part de vos responsables ?

 

Coraline Roché : Si un jour je leur dis par exemple, “je ne peux pas venir aujourd’hui parce que je sens que ça ne va pas, et j’ai peur que ça aille trop loin, je prends ma journée”, ça ne leur fera pas plaisir. C‘est normal. Mais ils me laissent tranquille. J’avoue que ce n’est pas très bien, mais j’essaye de le cacher au maximum à mes employeurs. C’est une sorte de tranquillité aussi, parce que je suis déjà tombée sur des gens qui n’étaient pas spécialement très compréhensifs, pour le dire gentiment, vis-à-vis de tout ce qui touche à la maladie. Et en fait, je crois que, comme on dit toujours, pour vivre heureux, vivons cachés. C’est pareil pour les allergies. Si on veut être tranquille, il ne faut pas en parler. 

 

Lify-Air : Que diriez-vous aux entreprises qui ne considèrent pas les allergies de leurs employés comme un handicap ?

 

Coraline Roché : Je leur dirais tout simplement droit dans les yeux, prenez ma place pendant une semaine, on en reparle après.

 

Lify-Air : Comment une solution comme LivePollen pourrait vous être utile si vous aviez des capteurs installés dans votre ville ?

 

Coraline Roché : Là, je peux faire une liste. Tout simplement, quand je prévois une sortie avec des copains, ou que j’ai envie de bouger, envie de marcher, envie de me poser dans un parc ou quoi que ce soit, je vais regarder quels sont les pollens présents, parce qu’il y a forcément des pollens avec lesquels on réagit le plus, des pollens avec lesquels on se met plus en difficulté. Et si je veux pouvoir vivre ma journée à peu près correctement, sans prendre trop de risques, tout de suite, je pourrais vérifier si les pollens présents peuvent m’embêter, à quelle concentration ils sont présents ! Ça, ça pourrait vraiment m’aider.  

Je pourrais alors prendre des décisions sur ce que je veux faire de ma journée, si je peux me permettre de sortir sans me mettre dans l’embarras, ou si je reste chez moi à côté de mon paquet de Kleenex, ou encore si je reporte à plus tard parce qu’entre temps, il va pleuvoir… Donc à la rigueur, tout sera parti et ce sera moins gênant. 

 

Lify-Air : Avez-vous un conseil à donner aux personnes allergiques ? 

 

Coraline Roché : Courage. Il faut trouver le moyen de faire passer ça avec humour, et on est rarement tout seul dans cette situation. Donc il ne faut pas hésiter à en parler et en rigoler avec son entourage parce qu’au final, ça passe beaucoup mieux, une crise, quand on en rigole ! 

Au niveau professionnel, il ne faut pas avoir honte d’éternuer, même s’il y a la Covid en ce moment et que, du coup, on est fortement jugé. Si ça ne plaît pas aux gens ou aux employeurs qui nous entourent, on est qui on est, et on ne peut pas changer. Voilà ce que je dirais.

 

angelique paget
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